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Audi R8 Spyder : le chant du cygne du V10

21 Nov, 2025

Ecrit parMattia Cuccu

J'adore conduire des voitures pour le plaisir, c'est pourquoi j'ai fondé ce magazine digital en 2023 avec mon ami Mattia Ceccarelli. Porsche et Ferrari font les meilleures voitures du monde (bientôt en essai ici). J'aime les voitures bien conçues et surtout qui procurent de l'émotion.

C’est une voiture qui marque l’histoire, une légende qui vient de tirer sa révérence. La R8 Spyder n’est pas seulement une Audi, c’est l’ultime représentante d’une époque révolue : celle du V10 atmosphérique, d’un moteur noble et sauvage, capable de faire vibrer et de faire rêver. 

Née il y a près de vingt ans, la R8 a offert à Audi sa première vraie supercar. Cousine technique de la Lamborghini Gallardo, puis de la Huracan, elle est restée quelque peu dans l’ombre de celles-ci, à tort. Dans cette version Spyder, coiffée d’une capote souple, elle prend toute sa dimension émotionnelle. C’est un adieu, une célébration, une conclusion parfaite pour une voiture qui restera gravée comme l’une des plus grandes de son époque, une époque dont elle a contribué à en faire l’âge d’or de l’automobile. 

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Design : L’élégance musclée

Un seul regard suffit pour comprendre. La R8 Spyder impose son allure racée, basse, large, sensuelle. Ses lignes évoquent clairement son sang à moitié italien, avec une rigueur germanique qui la rend intemporelle : sous un angle, c’est une Lamborghini, sous un autre, c’est une Audi. Son profil élancé avec son capot court ne lui confère peut-être pas l’élégance d’une grande GT, mais sa poupe profilée et les imposantes entrées d’air latérales indiquent où bat le coeur du roadster. Le carbone souligne chaque détail, le béquet complète sa posture agressive, et les sorties d’échappement béantes rappellent que cette voiture vit pour respirer. Ce n’est pas une supercar ostentatoire (quoique dans cette robe jaune…) : c’est une sculpture roulante, une machine qui attire les regards par sa présence plus que par sa provocation.

Des proportions racées et des couleurs vives sur cette version Spyder Performance. Sous son apparence qui rappelle Lamborghini, aucun doute possible : c’est une véritable supercar

Un intérieur de grand tourisme sportif

À bord, on est accueilli par un univers où le luxe se marie à la sportivité. Cuir tendu, carbone apparent, commandes intuitives : tout respire la qualité irréprochable qu’on attend d’une Audi de ce calibre, mais qui manque pourtant aux modèles récents de la marque. Or, cet intérieur est digne des meilleures années d’Ingoldstadt. L’ergonomie est exemplaire, tout tombe parfaitement sous la main, comme les commandes de climatisation flottantes, ou les touches sur le volant multifonction digne d’une voiture de course. Les sièges offrent un maintien impeccable et un confort surprenant, mais la position de conduite pourrait bénéficier d’un réglage en longueur supplémentaire : les personnes de grande taille pourraient souhaiter un pédalier un peu plus éloigné. Mais globalement, l’habitacle vieillit avec une élégance rare. C’est un cockpit où l’on se sent à la fois pilote et invité d’honneur.

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Les matériaux de l’habitcle sont exemplaires, et les assemblages frisent la perfection. Les commandes sont intuitives, et le design n’a pas pris une ride.

Conduite : une symphonie d’adrénaline, sans peur

Une pression sur le bouton rouge de mise à feu sur le volant, et dix cylindres se réveillent dans un rugissement métallique, juste là, derrière la tête. Dix cylindres atmosphériques, 5,2 litres de pur plaisir. Un moteur comme on n’en fait plus. Docile et feutré à bas régime, rauque et métallique quand on le sollicite, il se réveille véritablement au-delà de 4000 tr/min. Alors, la musique se transforme : une montée en régime envoûtante, une symphonie tonitruante qui emplit l’air de vibrations, presque sans fin, jusqu’à la zone rouge pourtant lointaine – au-delà de 8500 tr/min. A ce régime, la voiture semble décoller, la poussée est phénoménale. Qui a dit qu’il y avait besoin de suralimentation ou d’une batterie pour provoquer une telle sensation ? Et ce son, ce son… C’est un opéra mécanique, une œuvre qui mêle la précision allemande à la passion italienne. Chaque accélération est un crescendo, chaque passage de rapport une note supplémentaire dans cette partition grandiose.

La magie de la R8, c’est aussi son accessibilité. Les 620 chevaux pourraient effrayer, mais les quatre roues motrices rassurent, transformant cette bête de puissance en compagne docile quand on le souhaite. La direction est précise, directe, communicative. Le châssis est un modèle d’équilibre. La R8 n’est jamais brutale, elle est exigeante sans être intimidante. Certains puristes la qualifieraient d’ennuyeuse, de trop sage, mais elle est en réalité ce que l’on lui demande d’être. Mention spéciale à la boite S-Tronic : une rapidité bluffante, on effleure la palette et le rapport s’enclenche, net, précis, instantané.

Et puis il y a le moment où l’on décapote. Et là, tout s’intensifie encore une fois : le vent dans les cheveux, le grondement du V10 amplifié, chaque montée en régime qui fait vibrer jusqu’à la poitrine. On ne roule plus, on vit. Se priver de cette option serait une erreur, tant les sensations vis-à-vis du coupé sont décuplées.

Rouler cheveux au vent décuple les sensations phénoménales données par le V10 5.2l FSI. Le son est indescriptible.

L’inutile perfection (10/10)

Oui, le coffre est ridicule. Oui, elle consomme 22l/100km. Mais qui s’en soucie ? La R8 n’a jamais été conçue pour ça. Elle est là pour donner des émotions, pour rappeler ce que signifie conduire une vraie supercar. Elle est insolente, déraisonnable, magistrale. Et ce son, rien que pour cela, mérite de se faire entendre.

C’est un régal, c’est un adieu, c’est un manifeste. La dernière Audi V10 n’est pas seulement une voiture. C’est une œuvre d’art mécanique, une expérience à part, et une perfection dont on se souviendra longtemps après qu’elle aura disparu.

Merci au Garage de Monthey SA pour le prêt du véhicule

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